Une question récurrente que l'on pose régulièrement à la majorité des fans de cartes Pokémon : combien qu'elle vaut ma carte ?
C'est vrai, ça vaut quoi une carte Pokémon ? Son poids en carton et en encre d'impression ? Son empreinte carbone (je ne veux même pas imaginer) ?
Et bien, on va discuter de tout ça dans ce billet d'humeur. Car ça fait longtemps qu'on en a pas fait (ok, j'en ai fait qu'un seul mais voilà).
Quelques petites informations avant de commencer :
- Aucun nom ne sera cité (désolé les fans de drama). Si vous vous reconnaissez dans mes propos, cela est une coïncidence : je ne cherche pas à tacler ou à attaquer des personnes. Donc si tu te reconnais dans ce que je dis, et bien sache que je n'ai quand même rien contre toi,
- Ce que je dis n'engage que moi et non le site ni son équipe qui est libre d'exprimer son avis si les membres qui la compose le souhaite,
- Tout ceci est subjectif et je vais m'efforcer d'exprimer des faits, mais ils seront forcément biaisé par ma vision des choses,
- Oui, je vais oublier des choses, non je ne suis (toujours pas) exhaustif,
- Ce billet sera agrémenté d'images.
On est d'accord ? Alors on y va, en plusieurs points :
En théorie, comment ça marche ?
Et oui, car avant toutes autres choses, il faut poser un peu de contexte.
Les cartes Pokémon sont comme toutes marchandises pouvant être achetées et vendues : soumises à l'offre et à la demande.
C'est à dire que le prix dépend de l'équation (restez, ça va bien se passer) y a-t-il plus d'offres que de demandes ?
- Cas 1 : s'il y autant d'offres que de demandes, les prix et les quantités sont stables, pas de soucis.
- Cas 2 : si les offres se multiplient mais pas les demandes, les prix dégringolent car les gens voudront se débarrasser.
- Cas 3 : si les demandes sont plus nombreuses que l'offre, les prix montent car les objets deviennent rares et surtout recherchés.
À l'opposé, une carte tirée à peu d'exemplaires sera plus chère si elle est fortement demandée.
On en revient au fameux "ce qui est rare est cher" (pas toujours, mais nous généralisons pour ce contexte).
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Et dans les faits, on le constate : une carte V est plus rare et plus chère qu'une carte Peu Commune.
Une Gold, plus dure à obtenir qu'une Vmax, est (souvent) plus chère. Il suffit de se rendre sur des sites de ventes pour le constater.
Une autre variable importante à prendre en compte est la popularité du Pokémon sur la carte.
Ainsi, une Commune de Pikachu fera toujours son petit effet, contrairement à une V de Denticrisse. Cet attachement affectif se constate également (et dépasse parfois notre premier argument) : une carte Vmax de Dracaufeu vaudra plus qu'une carte Vmax de la majorité des autres Pokémon, alors qu'il s'agit - supposément - de la même rareté et donc de la même quantité produite.
La popularité va ainsi jouer sur la demande, mais pas sur l'offre, bien évidement.
Et à cela s'ajoute évidemment quelques autres paramètres comme la jouabilité d'une carte (les cartes jouées auront tendance à être plus demandées, donc à être plus chères), la quantité réelle produite (une Vmax d'une extension tirée à peu d'exemplaires sera plus dure à trouver qu'une Vmax d'une extension tirée à de très grandes quantités), l'état de la carte (un torchon, même de Dracaufeu, reste un torchon) et ainsi de suite.
Tout cela, on peut le vérifier et l'observer via les sites de ventes : un petit tour dans les ventes réussies d'Ebay, un petit regard sur les prix moyens sur CardMarket, Vinted, ... Et hop, on peut faire une estimation de la carte. Comme on peut d'ailleurs souvent vous le conseiller dans la section dédiée aux estimations.
Mais vous vous en doutez, ça n'est pas si simple, sinon je me casserais pas le clavier à écrire tout ça.
Et la réalité ?
C'est là que le bât blesse, la réalité correspond à 90% - disons - à ce que nous venons de décrire.
Car oui, plus un produit est demandé et rare, plus il est cher, c'est un fait dans notre société. Mais il y a une variable dont nous n'avons pas parlé : la volonté humaine.
Comme dit en intro, nous n'allons pas citer de noms (et je vous demanderais de ne pas le faire en commentaire, nous sommes là pour discuter et non pour accuser) mais nous allons parler de quelques procédés utilisés pour altérer notre belle logique décrite ci-dessus.
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Le premier procédé, et pas des moindres, est la manipulation de marché. Oui, comme ça, direct.
L'idée est simple :
- Vous avez un objet (disons un display de cartes Digimon sous blister) et vous souhaitez le vendre et vous voulez en tirer un max,
- Vous prenez contact avec quelques autres personnes souhaitant également vendre les leurs,
- Vous vous mettez d'accord sur un prix de vente, disons 100 000€. Mais malheureusement, les prix de vente actuels sont de 100€.
Et à ce point, deux choix s'offrent à vous :
- Vous postez vos display tous à 100 000€ et attendez que l'offre moins chère s'épuise pour que la demande soit contrainte d'acheter chez vous.
Bravo, vous avez manipulé les prix pour les tirer vers le haut. La prise de risques est minime : vous pouvez à tout moment baisser votre prix. Mais cela peut prendre un long moment si l'offre et la demande ne vous suivent pas dans ce procédé. C'est pour ça que des petits malins ont pensé à une seconde méthode...
- Vous postez une vente de display à 500€. Un d'entre vous l'achète. Vous vous arrangez pour vous rembourser. Puis vous en postez un nouveau à 1000€. Un d'entre vous l'achète, vous vous arrangez. Puis à 10 000€ et ainsi de suite, jusqu'à ce que, dans les ventes terminées, il n’apparaisse que les achats/ventes de vous et de vos complices avec des produits aux alentours de 100 000€. Les autres vendeurs, en voyant ça, vont s'appuyer sur ces ventes pour mettre à leur tour leur display en vente. Et en quelques temps, vous aurez réussi à tirer tout le marché vers le haut et cela rapidement, bravo.
À noter toutefois que le procédé ne nécessite pas forcément de réaliser une évolution progressive des prix.
Autant le dire : l'entente sur les prix et la manipulation de marché sont interdites. Mais comme on parle souvent ici de particuliers lors de discussions informelles, il est difficile d'y voir un quelconque acte répréhensible.
Si vous vous demandez si la réalité correspond vraiment à cela, voyez par vous-même l'explosion du prix de certains produits (Pokémon ou non) et l'alignement des prix hauts qui s'en suit. Sans oublier que certains noms reviennent sans cesse dans ce genre d'histoires, ça n'est sans doute pas par hasard.
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Il faut ajouter à cela un autre élément qui aujourd'hui secoue notre sphère de collectionneurs Pokémon : l'effet mise en avant par les influenceurs.
Alors, petit avant-propos : cet effet a toujours existé. Il n'a pas débuté hier. Il s'est certainement amplifié grâce à l'explosion de Youtube/Tiktok/etc et d'internet de façon générale, mais quand vous voyez votre acteur préféré, disons Jensen Ackles, mettre le parfum "Sueur de Mâle", vous avez davantage envie de l'acheter que si c'était une personne random sur l'affiche.
Et bien, c'est pareil ici : si le héros de votre enfance, votre meilleur ami virtuel, votre star absolue du lolternet se met soudainement à vous parler de sa passion pour Grindur, il est fort possible que vous ayez vous-même envie, par copie ou par nostalgie, d'aller vous prendre un petit booster pour tenter l'expérience.
Et nécessairement, si vous imbriquez cet effet avec "les cartes représentant certains Pokémon valent plus chères", vous obtenez "Damien La Forge adore Dracaufeu - qui est déjà côté - et va donc le rendre encore plus côté".
Et ainsi, vous augmentez la demande mais pas l'offre : les prix montent.
Il en va de même quand des institutions vues comme sérieuses (télévision, journaux, ...) parlent de ces sujets.
L'effet pervers (enfin, un des) de cette mise en avant par des institutions ou par des influenceurs est la possibilité, à tout moment, qu'une information soit incorrecte. Nombre d'influenceurs et de médias ne sont pas des spécialistes (et on ne leur en veut pas, chacun ses talents, nous chez Cardex nous ne sommes pas corrompus, nul n'est parfait) et vont tout de même essayer de générer des vues, du clic ou de l'audience. Et pour cela, rien de plus simple : donner des chiffres fous, faire comme si quelque chose était encore plus rare qu'il ne l'est et ainsi de suite.
Le résultat de cela, c'est que les badauds et débutants peuvent se laisser convaincre et encore augmenter les prix de l'offre en plus d'augmenter la demande. Bilan : les prix montent.
Il existe bien d'autres choses dans notre réalité qui font grimper les prix, plus ou moins artificiellement et le but n'est toujours pas de faire une liste exhaustive, mais d'ouvrir la discussion.
Ok, mais concrêtement c'est quoi la valeur d'une carte ?
C'est bien sympa de décrire et d'expliquer la réalité, mais finalement, c'est quoi la valeur d'une carte ?
Et bien, c'est très simple : il n'y en a pas.
Le prix d'un objet est purement virtuel et existant uniquement à l'instant T.
Si demain, The Pokémon Company se mettait à produire des centaines de Dracaufeu identiques à celui du Set de Base (et j'insiste PARFAITEMENT IDENTIQUES), le prix baisserait de façon radicale. L'offre augmentant de façon titanesque.
Plus encore que n'importe quel objet, la valeur d'une carte imprimée en série (et donc ré-imprimable en série) est quelque chose de vacillant et de temporaire.
Les toiles d'un grand maître de la peinture disparu depuis 200 ans ont une valeur relativement immuable : il est peu probable qu'au fond de son cercueil, le maître se remette à peindre.
À l'opposé, si un coffret est réédité en grandes quantités, si un pack est réimprimé ou si une carte ressort, il est possible que le prix s'effondre car l'offre sera alors bien plus conséquente.
Pour illustrer ce propos, souvenez-vous des NES mini de chez Nintendo.
Pour ceux qui n'auraient pas suivi : il s'agissait de mini consoles contenant des jeux marquants de la NES. Nintendo en avait initialement sorti des quantités relativement faibles face à la demande et les prix se sont envolés. Quelques mois plus tard, une énorme quantité de NES mini a ré-envahit le marché et les prix se sont effondrés, si bien qu'on en voyait bradées en magasin.
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Et vous vous en doutez, c'est aussi là qu'interviennent nos meilleurs ennemis, les scalpers qui, en vidant les rayons pour revendre plus cher, maintiennent des prix élevés, quelque soit la quantité initialement produite.
Cependant, la valeur de ce bout de carton imprimé (souvent mal) à la chaîne ne dépend que d'une et unique chose : la valeur que vous, acheteur, acceptez de mettre dedans et donc celle que vous lui donnez.
Quand vous craquez et que vous achetez une carte à 200€, vous acceptez implicitement que sa valeur correspond à 200€. Peut-être pas dans votre tête sur le moment, mais pour le vendeur et les gens qui verront la vente, si.
Et c'est là qu'il est compliqué de se remettre en question : nous sommes tous, quelque soit notre échelle, un engrenage du prix. Que nous acceptions ou non un prix, que nous subissions la spéculation, ... Nous avons tous la possibilité d'agir en achetant ou non un produit.
Et plus loin que cela, nous nous doutons que les futurs Pokémon Radieux japonais arriveront à des prix élevés en Occident. Mais pourquoi ?
Car elles sont belles, elles sont rares, elles sont Shiny, elles sont demandées et il n'y en aura pas pour tout le monde ?
Oui. Mais aussi parce que nous sommes de plus en plus consommateurs de la rareté d'une carte. Si durant les derniers blocs le nombre d'ultras a explosé ce n'est pas un hasard : plus il y a de cartes difficiles à obtenir, plus les acheteurs devront passer à la caisse pour avoir ce qu'ils veulent.
Mais aussi, plus les gens seront fiers d'exhiber leurs superbes cartes inestimables sorties de boosters, alors que les cartes plus courantes passeront à la trappe.
Encore une fois, nous pouvons faire le choix de ne voir que les cartes ultra-rares (et chacun sa collection, je ne cherche toujours pas à attaquer des personnes ou à être moralisateur, je me contente de faits) ou de voir chaque carte comme un objet méritant un peu de reconnaissance.
Aviez-vous, par exemple, remarqué que dans le bloc Soleil & Lune nous trouvions des Pokémon avec leur Dresseur ?
C'est vrai. Mais...
... Moins marquantes, souvent oubliées et négligées, il y a aussi des communes qui le font. Et oui, vous les exhiberez sans doute moins sur Instagram.
D'accord, on voit moins bien l'illustration, mais derrière chaque carte il y a un illustrateur, il y a un travail, il y a l'envie de montrer quelque chose au monde.
Bien sûr, nous sommes tous libres de préférer les ultra-rares, les holographiques, de ne pas aimer certains artistes, ...
Mais c'est en contemplant les petites choses qu'on voit les détails qui s'y cachent.
Quand Destinées Occultes et Destinées Radieuses sont sorties, je me suis jeté dessus. Au bout de quelques ouvertures, j'ai cessé de regarder les cartes autres que les Ultras car je voulais sortir des Shiny. Je disais que mes pioches étaient vides quand je n'en sortais pas.
Le résultat ? Une colère de ne pas avancer, un dégoût de la collection et j'en passe.
Une personne proche m'amusait à inspecter chaque carte, à admirer chaque art et à en parler comme si c'était une œuvre d'art (si tu passes par là, je te remercie, j'espère que tu vas bien avec le palmier à ta fenêtre). Et j'ai fini par comprendre que je faisais fausse route.
Ma passion disparaît au profit de l'appât du gain, de l'envie de posséder des raretés et de courir après.
La passion, c'est un partage, c'est l'envie de donner à tous le goût de la chose et ainsi de suite.
Bien sûr, vous n'êtes pas moi (et encore heureux) et chacun voit les choses à sa façon.
Mais souvenez-vous que ce qui fait la valeur d'une carte, c'est aussi la valeur qu'on accepte de lui donner : si vous dîtes que vous n'avez tiré "que des holographiques" ou "qu'une V", vous sous-entendez que cela n'a pas de valeur, rien que dans le choix des mots.
Il en va de même si vous êtes un youtubeur ou un tiktokeur (cette phrase va peut-être mal vieillir) : si vous vous extasiez des heures devant vos cartes les plus rares et que vous vous pavanez avec, vous faites vivre cette vision que 95% des cartes ne valent rien.
Alors que chaque carte a une valeur : elle peut-être financière, oui, mais aussi sentimentale, émotionnelle, artistique, ...
Et cette valeur-là, il ne faut pas la négliger, car c'est elle qui nous reste quand nous devons faire face à de la spéculation, au mépris et aux autres joyeusetés qui empoisonnent notre passion.
Quand vous ouvrez un booster, ça n'est pas un tas d'emballage qui protège une carte plus rare. Ce sont des cartes qui peuvent vous taper dans l’œil, accordez leur un petit regard, c'est la clé.
Conclusion
La valeur d'une carte ça n'est que la valeur que vous lui donnez.
Le reste n'est que pérégrination, interprétation et parfois manipulation. Et oui, à chaque seconde TPC et TPCi peuvent décider de réimprimer de vieilles cartes. Et oui, le marché peut s'écrouler comme bien des banques l'ont vécu auparavant, même sans être dans le monde des Bisounours.
Remettez en question votre façon de voir (de consommer ?) la passion et la collection, il n'y a que comme ça qu'on sortira tous gagnant de cette période !
Bonne journée/soirée à vous et la bise !
), Raptorsenal, Somehow, wolfram20,
)
Peut-être que les prix exorbitants ont au moins l'avantage de nous faire nous poser des questions sur ce qu'on collectionne et pourquoi...